Voici @annabelle.bureau sur Instagram. Ce prof au Québec a écrit un puissant et triste texte qui résume entièrement ce que la plupart des enseignants et enseignantes vivent en ce moment:
Aujourd’hui j’ai croisé un de mes élèves en sortant de la papeterie. Il achetait des crayons de couleur. Je me suis rappelée le dessin qu’il m’a fait, que j’ai accroché dans un cadre derrière mon bureau.
En sortant, j’ai marché un peu et quand je me suis assurée qu’il n’était plus là, j’ai éclaté en larmes.
Dans mon sac, j’avais les CVs que je venais de faire imprimer. Je vais aller me promener sur la rue Ontario et les distribuer où je peux. Épicerie, pharmacie, restaurant, n’importe quoi.
Parce que j’ai dépensé mes derniers dollars. Parce que le gouvernement aura eu raison de moi. Parce que j’ai du avoir recours de l’aide alimentaire la semaine dernière. Parce que je suis au bout du rouleau.
Elles sont là les enseignantes. Elles sont fortes, présentes, dans les rues et dans les médias, mais le bout du rouleau arrive vite en maudit.
J’adore enseigner. Même si je suis une des non-légalement qualifiées. J’ai pris un poste en adaptation scolaire après être tombée en amour avec ma classe. Une classe qu’on me prévenait difficile, de faire attention, de me pacer.
C’était pas toujours facile, mais là là, je pense juste à Aaron qui se lève debout pour danser quand il a une bonne réponse dans son devoir. À la face de Nathaniel, quand je réussi à le faire sourire avec mes faces caves mid-crise de surstimulation. À Stella, qui ose lever la main juste quand elle est fière de sa réponse malgré sa grande timidité. Je pense à Guillaume qui avait vraiment hâte de me montrer sa nouvelle édition des livres d’Arsene Lupin. À (liane qui avait hâte à sa fête, parce que je fais un dessin spécial au tableau de leur Pokémon préféré. Je pense à Karim, Salman, Yann.
Monsieur Legault, je ne suis pas la seule. Juste une parmi des milliers. Mais aujourd’hui, je suis fatiguée.
Pis j’ai le coeur brisé. Comme le système.