Hier soir, ma petite amie et moi avons été dîner chez son employeur, accompagnés de son patron et de sa femme. Il s’agissait d’un dîner particulièrement important, ma petite amie ne cessait de me rappeler à quel point il était essentiel de faire bonne impression.
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons été accueillis par un couple dans la cinquantaine, sympathique, mais très sérieux. Ils avaient de bonnes manières, et ce n’étaient pas du tout le genre de personnes à fréquenter les boîtes de nuit tardives en criant « sh0000teeeerssss » tout en se rendant à une after-party à 6h du matin, après avoir consommé de la drogue sur le dos d’un cheval. Non, c’étaient plutôt le genre de couple qui lit des livres près d’un feu de cheminée tout en dégustant un verre de vin rouge à 900 $ et en écoutant du Mozart.
Tout se passait bien. Nous avons discuté et dégusté une délicieuse salade en entrée avec du pain et des craquelins. Ensuite, est venu le plat principal : un délicieux steak.
Personnellement, je préfère toujours mon steak bien cuit, car je n’apprécie pas le sang qui s’en échappe. Cela me retourne l’estomac. Cependant, quand j’ai reçu mon steak, il était extrêmement saignant. Mon assiette baignait dans le sang. Il y avait plus de sang dans mon assiette que dans l’ensemble de la série « Saw ».
J’ai regardé ma petite amie, cherchant à lui faire comprendre que je ne pouvais pas manger ce steak. Elle m’a lancé un regard glacial, signifiant clairement : « Fais un effort et mange ton steak ».
Soudain
, le patron s’est levé pour chercher une autre bouteille de vin dans le sous-sol, tandis que sa femme est allée aux toilettes. C’était ma chance. Je devais faire quelque chose pour éviter de manger ce steak.
Malheureusement, la poubelle était trop éloignée pour y cacher mon steak, et je pouvais déjà entendre le patron remonter les escaliers. J’ai eu une idée de génie : jeter mon steak par la fenêtre.
J’ai saisi mon steak avec mes mains et je l’ai jeté à travers la fenêtre de la cuisine. Malheureusement, la fenêtre était fermée. C’était la vitre la plus propre et la plus claire que j’avais jamais vue de toute ma vie. Mon steak a atterri contre la vitre avec un bruit sourd.
Le patron est arrivé dans la cuisine, et sa femme est revenue des toilettes. La scène était surréaliste : moi avec les mains couvertes de sang, ma petite amie figée avec un regard glacial.
Je devais dire quelque chose, faire quelque chose. J’ai bafouillé : « Euh, je, en fait, je le coupais et… il a glissé hors de l’assiette… je suis désolé. »
Je me suis levé de ma chaise avec ma serviette, j’ai essuyé le sang sur la vitre, j’ai récupéré mon steak et je l’ai remis dans mon assiette, puis j’ai continué à le manger comme si de rien n’était. Pour le reste de la soirée, je suis resté relativement silencieux, et ma petite amie et moi ne nous sommes pas beaucoup parlé.
Le lendemain, elle s’est contentée de m’écrire : Je suis correcte »